Le sénateur Jean-François Gallini

Jean-François Gallini (l'usage prévaudra de l'appeler François) naît à Ajaccio le 12 octobre 1860 ; sa mère est une Pozzo di Borgo.

Ayant fait ses études secondaires dans sa ville natale, il va faire son droit à Montpellier tout en y accomplissant le service militaire. Licencié, il est de retour à Ajaccio en 1885 et s'inscrit au barreau. Dans le même temps il fait son apprentissage politique à la tête du Journal de la Corse, le vieil organe républicain de l'île, et comme élu du canton de Salice au conseil d'arrondissement d'Ajaccio.

Puis, dès 1888, Gallini quitte la Corse pour Sousse, en Tunisie, ou l'on crée un tribunal de première instance. C'est là que désormais sera sa vie. Nommé avocat-défenseur en 1894, il se replonge dans la vie politique en 1896 et, dès lors, représente la circonscription de Sousse-Kairouan (3e collège) à la Conférence consultative de la Régence.

Élu en mai 1896, il est réélu en 1900, 1905, 1912 et 1920. Il est secrétaire de cette assemblée en 1906 et 1909. D'autre part, nommé vice-président de la municipalité de Sousse, il accomplit dans sa petite patrie d'adoption des travaux édilitaires considérables. Mais, il  veille aussi au respect des bonnes mœurs et fait passer le 14 juin 1909 un décret qui nous paraîtrait aujourd'hui impensable : « Nul ne peut circuler dans
le périmètre communal de Sousse s'il
n'est, tout au moins, vêtu d'une chemise
serrée à la ceinture et placée dans l'inté-
rieur du pantalon » !

Il sera membre d'honneur de la Société archéologique de Sousse et Président de la Société française de bienfaisance.

En 1909, il est élu conseiller général du canton de Vico en Corse. Il devient vice-président du Conseil général de la Corse en janvier 1920 et, trois mois après, les délégués sénatoriaux de ce département l'envoient siéger au Luxembourg. Il est élu le 11 avril, par 417 voix contre 346 à son concurrent; Tutti-Ferrandi, sur 794 inscrits, 780 votants et 772 suffrages exprimés. Il remplace aussi le sénateur Gavini qui, élu député de la Corse, a démissionné le 7 janvier précédent. 

Au renouvellement du 9 janvier 1921, François Gallini ne retrouve son siège qu'après une lutte passionnée. Les résultats mêmes sont contestés en séance publique du Sénat le 11 mars ; mais, après un débat animé par les frères Delahaye, l'élection de Gallini est validée. Il a pour collègues de département Sari, élu au premier tour, et Paul Doumer, élu comme lui, mais devant lui, au deuxième tour (Doumer 414 voix, Gallini 400 voix). Avec 398 voix seulement, le parfumeur François Coty est battu.

Le monument fut inauguré le 16 juin 1929 
en présence de M. Manceron,
Ministre Résident Général.

Au Sénat, comme au Conseil général de la Corse, François Gallini traite du problème essentiel des transports entre l'île et le continent et des relations proprement insulaires. C'est ainsi qu'il intervient instamment le 31 juillet 1920 sur un projet de loi concernant l'exploitation du service maritime par la compagnie Fraissinet. Mais on voit aussi ce fin lettré s'intéresser de près, le 9 décembre 1921, à la célébration du troisième centenaire de la naissance de Molière et, le 28 du même mois, à un décret sur l'attribution des palmes académiques. Le juriste, enfin, trouve naturellement sa place au sein de la commission de législation civile et criminelle, au nom de laquelle il dépose, le 9 février 1922, un rapport sur la proposition de loi de M. Albert Lebrun tendant à modifier la loi du 24 juin 1919 sur les réparations à accorder aux victimes civiles de la guerre.

(CPA - CAD n°73 - Coll. Ch. Attard)

Malheureusement, la maladie qui le mine depuis longtemps l'emporte le 20 avril 1923 alors qu'il était soigné à la clinique Domela du Belvédère, avant qu'il ait pu donner toute sa mesure.

Cependant il venait d'obtenir, le 11 décembre 1922, sa consécration de Français de Tunisie. Élu en novembre membre du Grand Conseil - qui remplace la Conférence administrative - par la région de Sousse-Kairouan-Thala, il est, bien que la maladie le tienne éloigné des travaux de l'assemblée, porté, à l'unanimité, à la plus haute fonction élective de Tunisie : celle de vice-président du Grand Conseil.

Aussi ses obsèques, tant à Tunis où l'on voit l'archevêque de Carthage, le maréchal Franchet d'Esperey et le général Robillot, qu'à Sousse où accourt la foule émue de ses administrés, sont-elles particulièrement imposantes.
Un mausolée fut érigé dans la partie haute du cimetière pour son repos éternel. Un square où fut érigé un monument à sa mémoire fut baptisé de son nom à Sousse.

Il était officier de la Légion d'honneur, grand-officier du Nichan-Iftikhar et commandeur de la Couronne d'Italie.

Extrait du « Dictionnaire des Parlementaires français », Jean Jolly (1960/1977)