Le ribat
(source : www.strabon.org et www.magrebuni.org)

En juillet 1988, l'ICOMOS ( Conseil international des sites et des monuments de l'UNESCO) rendait son rapport à propos du classement au titre de patrimoine de l'humanité de la médina de Sousse.
Il reconnaissait que le ribat de Sousse était un des plus beaux et des mieux conservé d'Afrique. Son enceinte rectangulaire flanquée de tours et de tourettes, percée d'une seule porte au sud, sa cour intérieure à deux niveaux sur laquelle ouvrent trente cinq cellules, sa mosquée occupant le côté méridional du premier étage, avec sa tour sud-est, adjonction de 821 due à Zyadat-allah Ier et à son affranchi Mansour Al-Fata (comme l'atteste une inscription à l'entrée) (1) à la fois minaret et vigie d'où l'on pouvait transmettre des signaux à Monastir en font incontestablement un monument de très grande valeur.

Le minaret du ribat sur un encart publicitaire du Syndicat d'Initiatives
(Col. Ch. Attard)

Dans les premiers siècles de l'islamisme, une ligne de Ribat assurait la garde des frontières de l'empire. Leur garnison était assurée par une cinquantaine de volontaires, à la fois militaires et religieux.
Le Ribat de Sousse conçu sur le plan d'un carré de 36 m. de côté, aux murs bâtis en pierres surmontés de créneaux est doté de tour à chaque angle. 

Seule la tour du Sud-est est carrée, sur elle s'élève un très beau minaret d'inspiration abbasside fin du VIIIème siècle. Au centre de chaque courtine une tour semi-circulaire renforce les vigies sauf au sud où prend place l'entrée.
Le porche du Ribât était protégé par un ensemble de machicoulis  et rehaussé d'une coupole en pierre de taille.

Du porche, on accède à un vestibule carré couvert d’une voûte sur" croisés d'ogives" . De part et d'autre du vestibule se trouvent deux iwans dont les murs sont défoncés de niches qui devraient servir pour l'éclairage. Les grands arcs de tête des deux iwans sont surmontés de deux cartouches carrées sur lesquels étaient écrits en rouge les premiers mots du verset coranique dit du trône qu'on récite au moment du danger et pour écarter les forces du mal.

Dans le porche et le vestibule figurent plusieurs éléments architecturaux antiques remployés surtout des colonnes de marbre, des corbeaux byzantins sculptés d'une feuille d'acanthe et de beaux chapiteaux d'une très belle facture.

La cour au centre est entourée de quatre galeries dont les arcades reposent sur des piliers en pierre de taille que couvre une série de voûtes d’arête et en berceau. 

(Source libre Wikipédia)

Les ailes nord et est ont été refaites en 1725. Le rez–de chaussée est constitué de 33 cellules exiguës, couvertes de voûtes en berceau faites en moellons. On accède au premier étage grâce à un escalier qui débouche sur une allée qu’entourent des cellules de tous les côtés sauf à la partie sud qui est réservée à la salle de prière. Celle-ci est constituée de onze nefs et de deux travées. De forme plus large que profonde, elle est couverte de voûtes en berceau dont les arcs en plein cintre ou en anse de panier reposent sur des piliers cruciformes en moellons.

(Source libre Wikipédia)

Le mihrab (2) est surmonté d'un arc en plein cintre reposant sur des colonnes et des bases antiques remployés. La niche du mihrab, de forme cylindrique est faite en pierres taillées reliées par des rubans en chaux grasse mélangées à du plâtre qui constituent le seul décor d'ornementation à côté d'un frise formée de carrés sur pointe qui orne le milieu de la niche. 

Le mur de la qibla qui est aussi le rempart d’enceinte est percé d’archers, les priants peuvent ainsi se transformer à tout moment en guerriers pour défendre le Ribat. 

Enfin on accède aux terrasses où se trouve le chemin de ronde par un escalier. A ce niveau les tours abritent des chambres qui devaient servir à garder armes et munitions.

A la fin de la confrontation entre les deux rives de la méditerranée, le ribat perdit sa vocation militaire et se transforme en lien d'enseignement et de propagation des sciences religieuses. D'ailleurs les plans des medersas tunisiennes s'inspire profondément de celui des ribats.

Le ribat vu par Roger J-Irriéra
( Coll. Ch. Attard)

1 "Au nom d'Allah, le Clément, le Misécordieux. La bénédiction vient d'Allah. C'est ce qu'a ordonné de bâtir le prince Ziyadat Allah, fils d'Ibrahim, qu'Allah prolonge sa vie, par les soins de Masrour Al-Fata, son affranchi dans l'année 206. Fais moi descendre dans un lieu béni, ô toi le meilleur des guides".

2 Dans une mosquée, le mihrab : sanctuaire, souvent décoré avec deux colonnes et une arcature, est une niche qui indique la qibla, c'est-à-dire la direction de la ka'ba à La Mecque vers où se tournent les musulmans pendant la prière.