SOUSSE pendant la Seconde Guerre mondiale -1-



De la déclaration de guerre à l’Allemagne par la France, la Grande-Bretagne, l’Australie et la Nouvelle-Zélande le 3 septembre 1939 jusqu’à l’armistice signé à Rethondes le 22 juin avec les Allemands, et le 24 à Rome avec les Italiens (ils avaient déclaré la guerre à la France le 11 du même mois) des Soussiens en âge de combattre ont été mobilisés. 
Certains sont restés en Tunisie (sur la ligne Mareth notamment, voir notre carte au sud de Gabès) et d’autres ont participé à la Campagne de France. 
Parmi ces derniers, il y eut des victimes, des prisonniers, et d'authentiques héros.

Ainsi à Sousse dès septembre 1940, un officier de réserve, avocat à Tunis mais habitant la ville s'associe avec le commandant Breuillac chef d'état major du général de la division de Sousse Perrussel et avec le capitaine Rocolle, un ancien agent du renseignement. Leur idée est de remonter le maximum d'informations sur la situation dans le pays et sur le trafic côtier aux renseignements britanniques de l'Intelligence Service. 
Sousse peut éloignée des côtes maltaises permettra de lier des contacts sur l'île avec les forces britanniques. 
Ce sont les lieutenants Attias et Verdier qui sont chargés de se procurer les postes émetteurs et les systèmes de codages qui permettront la transmission des informations.
Malte étant sous contrôle britannique, les navires désirant rallier la Tripolitaine vont longer les côtes tunisiennes et éviter ainsi en eaux territoriales tunisiennes les sous-marins et avions de l'île. 

Un réseau d'observateurs est vite mis en place, phares et points hauts deviennent des postes d'observation de grande importance.

Dès mai 1941, Sousse sert en effet de plaque tournante pour l'acheminement de véhicules  et de matériels  cédés ou achetés par les allemands afin de subvenir à leur besoin en Libye. Camions, autocars et voitures sont stockées dans la ville en attente de partir vers le sud. Quelques navires appareillent pour Benghazi pour ces mêmes raisons d'approvisionnement. Ces navires souvent italiens pour tromper les forces alliées prennent un faux pavillon. Ils sont rigoureusement signalés par notre raison d'espionnage local. Plus tard, au large, la marine britannique ou l'aviation se chargera de les couler.

Par accord avec les français sont également réarmées les batteries de côte de la ville. Là-encore, plan, dispositifs allemands et italiens, acheminement de matériels et de troupes sont systématiquement communiqués.
Le capitaine Rocolle planifie aussi une série d'actions de support en cas de débarquement britannique en Tunisie afin de bloquer toute contre-attaque des troupes françaises aux ordres de Vichy. A Malte, le colonel des Essarts, envoyé de De Gaulle assure le relais des résistants de Sousse vers Londres.

Sur le plan économique la ville commence en 1941 a souffrir des efforts demandés en matière d'approvisionnement par la France. La sécheresse de cette année-là n'arrange rien et l'on commence à manquer de produits de première nécessité. Les chargements de phosphates doivent être interrompus pour approvisionner les régions où les céréales et légumes font défaut.

Notre groupe de résistants, les événements locaux aidant, songe alors à soulever les populations contre les forces fascistes de Mussolini en Tripolitaine mais cela semble au-delà de ses capacités logistiques. 
Le commandant Jean Breuillac va alors constituer une autre branche action qui aura en charge les sabotages de navires allemands et italiens. 
Outre les deux frères Rocolle que nous avons déjà vu participer à bien des opérations délicates, François Vallée, officier de cavalerie de réserve et un ressortissant belge nommé Gaillot, vont, avec l'aide des anglais, s'équiper en matériel depuis Malte. Munis de bombes magnétique, ces hommes d'un incroyable courage vont alors plonger dans les eaux du port de Sousse leur charge pendue autour du cou. En plongée, ils iront placer leur charge sur le flanc des navires ancrés au port mais l'explosion ne se produira que plusieurs heures plus tard et au large.
Mais, le 20 juin Le lieutenant Vallée est capturé en pleine opération. Le réseau est démantelé. Gaillot et onze hommes sont aussi arrêtés. Breuillac ,lui compte tenu de son rang est renvoyé en France où il ne tardera pas à rejoindre la Résistance et commandera le réseau Lucas. Les autres membres du réseau réussirent à s'enfuir par voie de mer et furent recueillis à bord d'un hydravion anglais. Ainsi finit le réseau Breuillac.