La communauté catholique







L'église de l'Immaculée-conception est bien là, 
mais sans son clocher qui ne sera bâti qu'après 1900.
(CPA - LL n°96 - Coll. Ch. Attard)






Calquée sur l'administration romaine, l'organisation de l'église catholique fit de Sousse la capitale de la Région du Byzacène placée sous l'autorité du Primat de l'Africa, l'évêque de Carthage. 
Sous domination romaine et vandale,  la communauté catholique souffrit beaucoup et plusieurs martyrs dont Mavilus périrent sous le croc des fauves ou l'épée des barbares. 
Avec la victoire des Byzantins, les catholiques relèvent la tête, une basilique est érigée à Sousse. Mais des questions de fidélité aux dogmes séparent les catholiques d'Afrique du Nord. Facundus, évêque de Byzacène lutte pour une stricte observance et en fait la remarque à l'empereur Justinien. Il finira sa vie en exil.
Conquise par les arabes, la ville conserve ses communautés chrétiennes qui ne doivent pas relever leurs lieux de cultes. 







Le clocher enfin s'élève

Leurs membres payent l'impôt et doivent se reconnaître par des tenues différentes. Suivent alors des siècles de soumissions et de mise en esclavage, de commerce et de négociations qui malheureusement laissèrent place à Sousse comme ailleurs, à bien des espoirs et biens des souffrances.

En 1624, le Pape Urbain VIII, par un Bref du 20 avril fonda, en accord avec le Bey de Tunis, la Mission Apostolique de Tunis (1624-1841) qu'il confia aux Pères Capucins italiens, dont le plus grand nombre était des Siciliens. 
Depuis la création de la Mission, ils se rendaient à Sousse pour y assister les quelques chrétiens.

En 1836, avec la pacification des relations diplomatiques entre la France, l'Italie et la Tunisie, de petites communautés catholiques commencèrent à venir s'installer à Sousse. Les Capucins sollicitèrent alors de Rome la création d'une paroisse relevant de Tunis. Le Bey consulté accepta la proposition et Sousse, qui comptait alors quelques quatre cents chrétiens fut érigée en Paroisse. Le père Gianbattista fut le premier curé de Sousse. D'autres prêtres capucins lui succéderont en de brefs séjours à Sousse.
En Novembre 1836 eurent donc lieu les premiers offices religieux célébrés dans une petite maison prise à loyer.  L'Oeuvre de la Propagation de la Foi accorda à cette première communauté chrétienne de Sousse 2000 francs qui lui permirent de bâtir une petite chapelle. Elle fut bénite par le père Louis de Taggia le  28 juillet 1839.

En 1841 le Pape Grégoire XVI crée le Vicariat Apostolique de Tunis et le confie au Père Fidèle Sutter, capucin, consacré évêque de Rosalie en 1844.







Mais en réalité, le véritable créateur de la Paroisse fut le Père Agostino da Reggio di Emilia, ami disait-on de Camillo Benso, comte de Cavour et Enrico Cialdini, il s'était fait prêtre à la suite d'un grand désespoir amoureux. Installé le 26 octobre 1856, il restera dans la ville jusqu'à sa mort le 17 août 1882. Il eut pour successeur le père Raffaele da Malta, qui fut le dernier Capucin qui administra la paroisse (1882-1887).








L'Institut St Joseph de l'apparition






Une maison des sœurs de Saint-Joseph de l'Apparition s'installa aussi dans la ville en 1842 et fut dirigée par Mère Hélène Loubens, puis en 1858 par sœur Joséphine Daffis. Elle ne comptait que trois  sœurs lors de cette création, Sœur Joséphine Daffis, Sœur Élisabeth de Chamoin et sœur Rose mais leur dévouement fut immense. 








Le réfectoire du pensionnat de l'institut de St Joseph de l'apparition






A côté d'un dispensaire fut aussi créée une petite école. Une vingtaine de jeunes filles dont les parents aisés pouvaient payer une pension et une trentaine d'autres, sans la moindre rétribution, suivirent les premiers cours. Elles étaient  italiennes, maltaises, françaises et israélites. Car les sœurs respectaient toutes croyances et la leur n'influait pas sur leur enseignement.
Une simple maison abritait au début école et sœurs. Les cinquante petites filles étaient reçues dans deux pièces exiguës, auxquelles s'ajouta plus tard une quinzaine de garçons dans une troisième chambre.
Puis, par les dons qu'elles reçurent, la seule aide de l'état français (200 frs) ne suffisant pas, les sœurs de St Joseph s'installèrent dans un bâtiment plus spacieux. Car, entre 1860 et 1870, le nombre d'élèves avaient considérablement grossi.

Les religieuses furent extrêmement actives auprès des plus démunis et soignèrent de leur mieux les habitants lors des épidémies du terrible choléra de 1850 ou 1865, plusieurs y laissèrent leur vie. Très vite la population apprit à les respecter et à les protéger.








Dans la cour de l'institut de St Joseph de l'apparition






Mais en 1860, la communauté chrétienne se réunit toujours dans son humble chapelle dans l'arrière cour d'une maison particulière. Le père de Reggio et M. Espina, vice-consul de France à Sousse adressèrent une requête au Bey pour la construction d'une église, requête qui leur fut accordée. 
Le père de Reggio participa alors activement à l'érection de
l'église. Ayant tout aussi bien recourt aux dons qu'au travail manuel bénévole. 
Elle sera dédiée à l'Immaculée-conception mais les soussiens l'appelleront plus simplement Église Notre-Dame.
De 1862 à 1864 furent aussi achetées plusieurs maisonnettes qui formèrent les nouveaux bâtiments des sœurs de Saint-Joseph.
En 1878, on relève le chiffre de 750 chrétiens à Sousse.

En 1881, Monseigneur Lavigerie, archevêque d'Alger reçoit la charge d'administrateur apostolique de Tunis. En 1884, le Pape Léon XIII restaure le siège épiscopal de Carthage et Mgr Lavigerie devient le premier archevêque avec le titre de Primat d'Afrique.
 

En 1883, Monseigneur Lavigerie décide de créer un collège catholique à Sousse, il eut pour supérieur l'abbé Thevin, chanoine honoraire d'Alger et aumônier de la garnison de Sousse assisté de trois clercs du diocèse de Carthage. Il accueillait  une centaine d'élèves répartis en trois classes, les deux premières regroupaient français, italiens et maltais qui payaient une faible contribution, la dernière des italiens et des maltais et était gratuite. Après le départ de l'abbé Thévin l'école fut tenu par des frères marianistes.

En août 1882, la communauté catholique eut la douleur de voir mourir son premier curé assisté jusqu'à la fin par sœur Joséphine, surnommée "la Mouniga". Le Père Reggio fut dans ses vieux jours assisté de deux franciscains maltais qui avaient la tache de desservir la ville mais aussi la côte jusqu'à Mahdia.








Deux prêtres de Sousse méditent sur la terrasse de leur église
(CPA - LL - Coll. Ch. Attard)






En 1886, Victor Guérin rend compte que l' école des sœurs de Saint-Joseph de l'Apparition compte : 140 élèves dont 49 françaises, 44 italiennes et 51 maltaises et note que l'infatigable sœur Joséphine (elle a près de 80 ans) a le désir de créer deux hospices pour enfants et soigne encore de sa main les indigents de quelque race ou religion qu'ils soient. Elle décédera le 6 décembre 1894 non sans avoir été solennellement décorée de la légion d'honneur pour les multiples services qu'elle avait rendu à sa chère ville de Sousse.
En 1905, l'école fondée par la vaillante petite sœur est des plus prospère et compte plus de 300 élèves.